La légitimité prime sur la légalité. Dans le cas de la légitimité, on se situe sur le plan des valeurs d’un droit qui n’a pas de caractère institutionnel. Dans le cas de la légalité, on a affaire au droit institutionnel, donner par la loi, loi qui n’est qu’un rapport de force au sein d’une société.

Ce qui est difficile, c’est de dire de quel droit nous sommes légitimes à agir et jusqu’où sommes-nous en droit d’agir, en un mot résister.

Il y a des situations plus évidentes, comme la lutte contre l’occupant nazi en France soutenu par son vassal français, le gouvernement de Vichy, ou encore pendant la guerre d’indépendance de l’Algérie contre la colonisation française.  Aujourd’hui, on convient que la légitimité, droit à résister, était bien du côté de celles et ceux qui ont combattu les occupants ! Mais comment étaient qualifiés par les pouvoirs les résistants de ces époques ?  De terroristes.

Ce qualificatif, on le retrouve à nouveau pour réprimer tout ce qui est résistance profitant des attentats criminels de fanatiques qui n’ont rien de légitimes pour mettre dans le même sac des citoyennes et citoyens qui s’opposent à des projets de destruction massifs de notre environnement.

La légitimité à agir se trouve alors dans l’intérêt général, ici la défense de notre vallée et de nos sources.

Quand Philippe Delhomme dit qu’il faut saboter le projet de Lyon Turin, il se situe dans ce cadre de la légitime défense est pour tous les opposants à ce projet écocidaire que nous sommes. Il nous faut reprendre cet appel qu’avait lancé Erri De Luca.

Que veut dire saboter dans le dictionnaire, c’est détruire ou détériorer quelque chose, c’est aussi agir de manière à contrarier un projet, une négociation, une réunion, bref à stopper un projet. On pose des sabots pour qu’une voiture mal garée ne puisse repartir.

Telt ne doit pas continuer sa virée mortelle pour l’intérêt général !

La légitimité à agir contre ce projet devant le rouleau compresseur des promoteurs (Telt, État, élus) nécessite donc de saboter. Ce n’est pas nous qui déterminons les moyens d’arriver à stopper ce projet, mais bel et bien leur folie à continuer de massacrer notre vallée. Une lutte pour saboter ce projet inutile et destructeur pourrait s’arrêter dès lors qu’en face on comprenne l’aberration du projet. Sauf que cela n’arrive pas souvent…. ZSC et Bassines ne sont que des pauses dans ce qui est obtenu par les opposants.

Larzac, Notre Dame des Landes, Sivens, Center Parcs, sont des victoires  gagnées par le caractère légitime de ces luttes et les sabotages associés : Réunions d’opposition, manifestations massives,[…], ZAD et recours.

L’appel au sabotage du Lyon Turin par les opposants, dont Philippe Delhomme, n’est rien au regard du massacre de plusieurs vallées et massifs : Vanoise, Ambin, Belledonne, Chartreuse, Val de Suse, c’est à dire un sabotage au sens où préfets, élus, promoteurs, l’entendent : acte criminel.

Nous devons faire le procès des décideurs de ce projet par un tribunal issu de la légitimité à agir, et ce même tribunal répond d’ores et déjà à la question suivante : Philippe Delhomme est -il innocent des faits qui lui sont reprochés ? La cour répond OUI !

Dans la rue les militantes et militants de l’Organe Fraternel de la Biodéfense scandent : Nous sommes tous des saboteurs Liberté pour Philippe !

P.G.