Considérant la situation critique, voire le mauvais état de conservation avéré, en Savoie, mais aussi au niveau national, et nous basant sur la « Directive oiseaux » au niveau européen (UICN), nous donnons un avis défavorable à ce projet d’arrêté fixant le maximum de Tétras lyre et de Perdrix bartavelle, qui pourraient être « prélevés » par des actes de chasse au cours de la saison cynégétique 2025-2026.
L’encadrement réglementaire proposé par le projet d’arrêté, qui semble copié sur celui de l’année dernière, n’est pas suffisant pour la préservation de ces espèces, toutes deux sur la « liste rouge » des espèces menacées d’extinction. 
Après la protection obtenue pour les Lagopèdes, l’intérêt général visant à protéger la biodiversité est celui de l’arrêt total de la chasse pour tous les gallinacés emblématiques de nos montagnes. Leur habitat est déjà bien perturbé et fracturé, notamment par les aménagements touristiques. Il serait paradoxal que des efforts soient faits par certaines stations (par exemple les Arcs , les Trois Vallées, Pralognan la Vanoise), avec l’aide des services du Parc national, et qu’en même temps cela profite aux chasseurs courant « le noir », ou « la perdrix », uniquement pour le plaisir de tuer.
La suspension de la chasse aux Tétras lyre en Savoie en 2023, prononcée par le TA de Grenoble (08-10-2023), en raison de la fragilité de l’espèce, aurait dû acter une vigilance accrue pour la saison 2024-2025.
Or, non seulement la chasse a été autorisée à nouveau en Savoie pour cette période, mais nous n’avons pas trouvé les comptages qui justifieraient un renouvellement de cette chasse et celle de la Perdrix bartavelle pour la saison 2025-2026, dans toutes les zones de montagne du département.
Dans le département des Hautes-Alpes en 2024, c’est le Conseil d’Etat qui a dû ramener les chasseurs à la raison, mais avant d’en arriver là, Madame la Préfète a tout pouvoir pour agir en faveur de la protection des espèces en déclin. 

Contributions VAM à la consultation publique

Madame la Préfète de la Savoie,
Nous avons pris connaissance de votre proposition d’arrêté concernant l’ouverture et la clôture de la chasse campagne 2025-2026.
Nous voudrions attirer votre attention sur la situation du tétras-lyre et de la perdrix bartavelle.
Malgré les mesures de conservation existantes, ces espèces sont toujours en grand danger d’extinction (espèces quasi menacées au niveau français et espèces vulnérables en Rhône-Alpes)
Vous prévoyez une période de chasse du 21-09 au 11-11 avec un plan de chasse départemental (maximum de prélèvement annuel).
Ces mesures sont, à nos yeux, insuffisantes.
En effet, depuis plusieurs années, la chasse est règlementée.
Et pour autant, ces espèces sont toujours aussi fragiles et menacées d’extinction. La déprise pastorale (progression des ligneux), l’intensification/modification des pratiques pastorales, l’implantation des domaines skiables, le dérangement par les activités créatives et touristiques s’ajoutent aux prélèvements par la chasse et font que ces espèces n’arrivent pas à retrouver un réel équilibre.
Le changement climatique qui s’accélère en montagne modifie les conditions de leur survie à terme.
C’est pour toutes ces raisons que nous  vous demandons une interdiction totale de la chasse de ces 2 espèces emblématiques.
Nous vous remercions de votre attention et espérons être entendus.
Martine Noraz
Présidente de l’Association Vivre et Agir en Maurienne.

Je vous livre ci-après mon avis sur l’ouverture à la destruction sportive en période de chasse du Tétras Lyre et de Perdrix Bartavelle.
 
Compte tenu que nous ne sommes plus une société d’homme fourragers, mais une société industrielle et technique, nous avons par cette transition éradiqué la grande faune prédatrice depuis des siècles.
La chasse est donc aujourd’hui le vecteur pour éviter que des espèces herbivores deviennent invasives (ongulés, sangliers,…).
Ayant encore un pied dans le monde agricole, ma position ne tient donc pas d’une position idéologique « anti-chasse », et je suis content que mes champs et cultures ne subissent que quelques atteintes mineures et indolores. 
Néanmoins, sous la pression du lobby de la chasse, il est question d’ouvrir le tir sur les Tétras Lyre et les Perdrix Bartavelle. Quel est le sens ontologique d’un tel projet ?
Quel est le fondement de nécessité ou de pulsion jouissive pour planifier réglementairement de  tuer des espèces aussi fragiles et dont « l’espace vital » s’amenuise à mesure que l’isotherme moyen remonte ?
Ce qui implique pour ces espèces, moins de nourriture, plus de prédateurs  et il faudrait y ajouter l’activité ludique pour cadres urbains ?
(Selon une étude réalisée par la Fondation Sommer, que l’on ne saurait soupçonner d’être anti-chasse primaire (le Musée de la chasse et de la nature, le Club de la chasse et de la nature à l’hôtel de Guénégaud, c’est la Fondation en question) et le sondage IPSOS/LPO, près de 70 % de chasseurs sont des urbains). 
Les envies de trophés, les besoins de reconnaissance et les pulsions de mort sont illimitées dans notre société de consommation outrancière. La réglementation ne doit pas être là pour les encourager, mais pour les encadrer et les endiguer. 
C’est d’ailleurs le sens des actions de préservation à tous niveaux y compris dans les SCOT !
De plus, en montagne, zone touristique par excellence, le patrimoine vivant de l’humanité doit y être sanctuarisé et servir de base éducative générale (familles, classes découverte, etc..), pas d’exutoire de frustrations personnelles. 
Enfin, de manière prosaïque, j’ai 50 ans, je parcours la montagne toutes saisons depuis mon enfance, et croiser ces espèces reste des événements très ponctuels. 
J’en conclu que ce projet n’est pas dans le sens de l’Histoire et est à rejeter.

Olivier MARTIN
Conseiller municipal.
73300 ALBIEZ MONTROND